Dict. Universel François et Latin - 1732 - DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE TREVOUX

GOULU

Animal sauvage fort noir & fort luisant, qu'on trouve en Laponie et en Moscovie, qui vit dans l'eau & sur la terre. Il est gros comme un chien. Il a des dents de loup, le museau d'un chat, le corps & la queue d'un renard, les pieds courts, & la tête ronde. Il ne vit que de charogne, & en mange tant qu'il devient gros comme un tambour. Il se presse alors entre deux arbres pour rendre ce qu'il a mangé; mais il ne l'a pas plutôt rendu qu'il s'en emplit. Les lapons tuent le Goulu à coups de flèche, lorsqu'il se presse entre deux arbres pour rendre ce qu'il a mangé. Scheffer. Hist. de la Lap.

MACREUSE

Oiseau maritime qui ressemble à un canard, & qu'on met au rang des poissons, à cause qu'il a le sang froid, de sorte qu'on permet d'en manger en Carême. Pussinus Anglicus. Il y en a de noires & de grises; celles-ci sont les meilleures, quoiqu'en général la macreuse soit très dure & d'un méchant manger. On dit pourtant que la macreuse en ragout est un manger délicieux. L'on parle très différemment de l'origine de cet oiseau; car quelques disent que la macreuse est produite & engendrée à la manière des autres oiseaux de rivière. C'est le sentiment du Sieur Childère, dans son livre des merveilles d'Angleterre, où il soutient qu'elles viennent d'un oeuf couvé comme les autres oiseaux, & que ce sont de vrais canards; & qu'il y en a si grande quantité en Ecosse, qu'elles obscurcissent le soleil en volant, & qu'elles y apportent tant de branches pour faire leurs nids, que les habitants en ont assez pour faire leur provision de bois. D'autres croyent qu'elles sont produites par la corruption que se fait de certaines pommes qui tombent dans la mer. Quelques uns veulent qu'elles se forment dans quelques coquilles dont elles sortent ensuite. Il y en a qui disent qu'elles s'engendrent de l'écume de la mer, ou du bois pourri des vieux vaisseaux, où on les trouve attachées par le bec, d'où elles se détachent quand elles sont bien formées. Albert & Bellon sont de la dernière opinion. Ce qu'il y a de certain, c'est que lorsque quelque mât, ou pièce de bois de sapin est tout à fait corrompue, l'on voit ces oiseaux se former insensiblement de cette corruption, puis se revêtir de plumes, & enfin avoir leur mouvement naturel, & voler ainsi que les canards; il n'y a point de Pilote, ni de Matelot Anglais qui ne confirme cette vérité. Aldrovand rapporte que dans le temps qu'il écrivait son histoire des oiseaux, il y eut un homme de très grande probité, en ce qu'il avait beaucoup de créance, qui lui certifia la même chose. Hector Boëtius voyant cette grande différence d'opinions, aima mieux croire que ces oiseaux tiraient leur origine de toutes choses généralement quelconques qui se putréfiaient dans la mer. M. Graindorge, Médecin de Caen, a fait aussi un Traité de leur origine, & dit qu'il y en a une furieuse quantité dans le nord jusque dans le Groënland.
La macreuse se tient toujours dans la mer, elle est de la grandeur de l'oiseau des Anglois appelé cut, ou comme la grande poule d'eau de rivière; sa couleur est tout à fait brune, & approchant du noir, elle n'est revêtue que d'un fort duvet, c'est ce qui fait qu'elle ne peut pas bien voler, & pour s'enfuir elle bat des ailes & des pieds sur la superficie de l'eau, comme en traînant, on les prend en troupe avec des filets. L'on en sallait autrefois pour le Carême, mais comme ce n'est plus pour le présent une chose rare d'en voir, ni d'en manger de fraiches, l'on ne s'amuse plus à les saller, & de plus c'est qu'elles ne sont pas estimées, à cause que leur chair est fade, & d'un goût fort de sauvagin.
Il y a aussi un poisson nommé macreuse, (Pomey dit macourle aussi bien que Nicot) qu'on appelle autrement diable de mer, en Latin sulica major, qui est une espèce de poule de mer fort noire.