PROVINCES DE FRANCE par M. Borel d'Hauterive

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Les Provinces de France : compilation de plusieurs textes extraits des "Annuaires" de M. Borel d'Hauterive - 1843 - 1929

ARMORIAL DES PROVINCES DE FRANCE.

Si l'étude du blason des familles fournit à l'historien d'utiles renseignements, combien celle des armoiries des villes et des, provinces ne lui en donne-t-elle pas de non moins intéressants et précieux. Leurs pièces héraldiques sont presque toujours un langage écrit et rappellent les grands événements de notre histoire nationale. ,
Prenons les armes de la vIlle de Paris: son chef d'azur, chargé de fleurs de lis d'or, lui inscrit au front l'honneur qu'elle à d'être la capitale de l'ancien duché de France et de tout le royaume. Si les fleurs de lis y sont semées ou sans nombre, n'indiquent-elles pas que leur présence y est antérieure au règne de Charles V, dit le Sage, qui réduisit à trois les fleurs de lis de l'écu royal. C'est, en effet, à Philippe-Auguste ou, selon Félibien , à saint Louis qu'on attribue la concession de ce chef ou cette pièce honorable qui figure dans les armes de la ville de Paris. Le vaisseau d'argent sur champ de gueules ne représente-t-il pas l'antique Lutèce qui fut consacrée dès le temps des Romains au culte d'Isis, déesse de la navigation, et qui dut sa naissance et ses accroissements au commerce par eau. N'y retrouve-t-on pas au moins le symbole de sa corporation de mariniers si florissante au moyen âge. Si nous passons à des temps plus modernes, le rouge du fond des armes de la ville de Paris et le bleu du chef n'ont-elles pas donné, en 1789, aux vainqueurs de la Bastille l'idée d'adopter pour cocarde ces deux couleurs de la commune de Paris auxquelles le général Lafayette fit ajouter le blanc comme couleur du roi. De cette réunion naquit notre drapeau tricolore.
Les armoiries de la Normandie: de gueules, à un léopard d'or, et celles de la Guyenne: de gueules, à deux léopards d'or, se confondent ensemble dans l'écu des rois d'Angleterre: de gueules, à trois léopards d'or, et rappellent à la fois l'avènement de Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, au trône d'Edouard le Confesseur, et le mariage d'Eléonore de Guienne, répudiée par Louis le Jeune, avec Henri, comte d'Anjou, depuis roi d'Angleterre sous le nom d'Henri II, auquel elle apporta en dot les plus belles provinces de France.
Malheureusement l'absence ou la perte des monuments écrits rendent souvent impossible de retrouver ainsi le sens et de donner la traduction, de cette histoire hiéroglyphique. Ce qu'il en reste n'en devient que plus précieux et plus digne d'être groupé en faisceau.
En donnant cette année un Armorial des provinces, nous ne nous sommes pas dissimulé plusieurs genres de difficultés que la matière offre à l'héraldiste. Quand la féodalité eut étendu son vaste réseau sur l'empire de Charlemagne, les grands fiefs qui se formèrent et qui devinrent plus tard la base des divisions territoriales de la France en provinces n'eurent pas d'autre blason que celui des ducs et des comtes qui les gouvernaient. Le but même des armoiries, qui servaient dans l'origine à distinguer les chefs dans les tournois et les combats, rendait leur usage complètement inutile aux provinces, dont la vie politique se résumait tout entière dans la personne du grand feudataire.
On chercherait inutilement les armes de la Picardie, parce que ce pays, au lieu d'avoir une existence distincte comme grand fief, resta divisé en, plusieurs comtés ou seigneuries séparés. Le Languedoc, qui de même ne forma jamais un comté ou duché spécial, n'eut pas non plus de blason. Si quelquefois on lui attribue des armoiries, ce sont celles de la ville de Toulouse, sa capitale, et des comtes de Toulouse, ses plus puissants seigneurs.
En outre, les grands fiefs de la couronne, quoique tombés entre les mains de ducs et de comtes qui s'étaient rendus héréditaires, changèrent souvent de maîtres par la spoliation ou l'extinction de la race de leurs possesseurs, souvent aussi ils se trouvèrent réunis plusieurs ensemble sous une domination commune. On a beaucoup de peine à suivre, leur existence et leurs transformations à travers cette confusion perpétuelle. Chaque nouveau seigneur, surtout au moyen âge, imposait à son fief ses propres armoiries. De là les variations continuelles qu'offre le blason des provinces, variations qui, en revanche, sont d'autant plus utiles qu'elles résument l 'histoire des grands fiefs. Elles fournissent, en outre, à l'archéologue de précieuses ressources, car elles lui donnent le moyen de fixer presque toujours avec exactitude l'âge des monuments où se retrouvent des armoiries.

ALSACE.

Sous la domination romaine, l'Alsace appartenait à deux provinces différentes. Le Nordgau ou basse Alsace était du territoire des Mediomatrices et faisait partie de la première Germanie; le Sundgau ou haute Alsace était comprit dans la grande Sequanaise ou maxima Sequanorum. Son nom, en latin Elisacia, en allemand Elsass, vient sans doute de la rivière d'Ill ou Ell qui la traverse. Il se rencontre pour la première fois dans Fredegaire, historien contemporain de Clovis II.
Du temps des rois mérovingiens, le Nordgau appartint au royaume d'Austrasie, le Sundgau à celui de Bourgogne. Réunies sous le sceptre de Charlemagne, ces deux provinces d'Alsace échurent en partage à l'empereur Lothaire, fils aîné de Louis le Débonnaire. Elles formèrent alors un duché ou grand gouvernement appelé ducatus Helisatiorum, qui est mentionné, l'an 839, dans les annales de S. Berlin. Après la mort de Louis IV, roi d'Austrasie, en 954, l'Alsace fit partie de l'empire et fut de 1080 à 1254 l'apanage de la maison de Hohenstaufen, qui donna six souverains à l'Allemagne. Deux comtes provinciaux ou landgraves héréditaires gouvernaient le pays sous l'autorité ducale. Le comté ou landgraviat du Sundgau était à la maison de Habsbourg, devenue depuis la maison d'Autriche. Le comté du Nordgau, après avoir eu ses landgraves laïques, jusqu'en 1359, passa sous la domination des évêques de Strasbourg. Par le traité de Westphalie l'Alsace fut cédée à la France, sauf l'évêché de Strasbourg, dont Louis XIV s'empara en 1673 et 1684 et se fit confirmer la possession par le traité de Riswick.
Le landgraviat du Sundgau ou Haute Alsace avait pour armes particulières : d'azur, à la bande d'or, accostée de six couronnes du même, posées en orle, celles du chef opposées à celles de la pointe (voyez pl. E). Souvent aussi il prit les armes de la maison de Habsbourg (voyez Autriche, page 43).
Les armes du landgraviat du Nordgau ou basse Alsace étaient: de gueules, à une barre dentelée d'or.

ANGOUMOIS

L'Angoumois, en latin Engolismensis provincia, s'étendait le long de la Charente. Il fut d'abord gouverné par des comtes au nom des premiers rois carlovingiens. Au Xe siècle Guillaume Taillefer, comte d'Angoulême, se rendit héréditaire sous la suzeraineté de Guillaume Tête d'Etoupes, duc d'Aquitaine. Ses successeurs ont joui de ce comté de père en fils jusqu'à Aimard XIII, qui mourut en 1248 sans héritiers mâles. Isabelle, fille unique d'Aimard, épousa Hugues de Lusignan, comte de la Marche et lui apporta en dot le comté d'Angoulême.
Hugues le Brun, comte d'Angoulême, n'ayant pas laissé de postérité et ayant déshérité en 1303 Gui de Lusignan, son frère, pour instituer à sa place Renaud de Pons, fils de leur soeur Yolande, les rois Philippe le Bel et Philippe de Valois profitèrent des différends qui s'élevèrent à cette occasion pour acheter les droits des prétendants en 1309 et 1328.
Charles VI, roi de France, ayant donné en 1394 le comté d'Angoulême en augmentation d'apanage à son frère Louis d'Orléans, ce dernier assigna ce fief à Jean, son fils puîné, auteur de la seconde branche de Valois parvenue au trône dans la personne de François 1er, qui érigea l'Angoumois en duché pour sa mère Louise de Savoie.
Depuis, le duché d'Angoulême fut donné par Henri II à sa fille Diane, légitimée de France; puis par Louis XIII à Charles de Valois, fils naturel du roi Charles IX et père de Louis-Emmanuel, mort sans hoirs mâles en 1653. L'Angoumois fut alors réuni à la couronne, sauf l'usufruit que conservèrent Louise de Valois, fille de Louis-Emmanuel, et le duc de Joyeuse, son mari. Détaché de nouveau et érigé en duché-pairie par Louis XIV en 1610 en faveur de Charles, duc de Berri, son petit-fils, mort quatre ans après sans alliance, ce duché fut définitivement incorporé à la couronne. Le fils aîné du comte d'Artois, depuis Charles X, a reçu de nos jours le titre de duc d'Angoulême avant de porter celui de Dauphin.
Les premiers comtes d'Angoulême avaient pour armes: losangé d'or et de gueules.
Les comtes d'Angoulême de la branche d'Orléans portaient: de France; au lambel de trois pièces d'argent, chargées chacune d'un croissant d'azur.

ANJOU.

La province d'Anjou, en latin Andegavia et Andegavensis ager, eut d'abord ses comtes particuliers, dont le plus illustre fut Foulques dit Nerra, qui vivait au temps du roi Robert. Il eut de longues guerres à soutenir contre Eudes, comte de Blois, et Etienne, comte de Troyes et de Meaux. Geoffroi Martel, son fils, remporta l'an 1041, une victoire décisive sur Thibaud, comte de Blois et de Chartre. Foulques le Réchio, neveu de Geoffroi par sa mère, lui succéda dans l'Anjou et le Gatinais, et forma la seconde race des comtes d'Anjou qui fut appelée au trône d'Angleterre par le mariage de Geoffroi le Bel, surnommé Plantagenet, avec Mathilde, fille et héritière de Henri 1er, roi d'Angleterre et duc de Normandie.
Philippe-Auguste confisqua le comté d'Anjou sur le roi Jean-Sans-Terre en 1204; saint Louis le donna à Charles, son fils, qui devint roi de Naples et de Sicile, et épousa Béatrix de Provence. De cette union naquit Charles II, roi de Naples, dont la fille Marguerite apporta l'Anjou en dot à Charles de Valois, second fils de Philippe le Hardi, roi de France. Par l'avènement de Philippe de Valois au trône le comté d'Anjou fut réuni à la couronne; mais Jean-le- Bon le donna comme apanage avec titre de duché-pairie à Louis de France, frère puîné de Charles le Sage. A la mort du roi René, Louis XI recueillit l'Anjou et l'incorpora au domaine royal. Ce fut depuis l'apanage de Henri III, qui, devenu roi en 1574, le donna à son frère François d'Alençon, mort en 1584.
Le titre de duc d'Anjou a été depuis porté par Gaston de France, frère du roi Louis XIII, jusqu'en 1626, qu'il prit celui de duc d'Orléans; ensuite par Philippe, frère puîné de Louis XIV, devenu duc d'Orléans en 1661; par Philippe, petit-fils de Louis XIV, jusqu'en 1700, qu'il fut déclaré roi d'Espagne: par Louis XV, jusqu'en 1712, époque où il devint Dauphin de France.
La province d'Anjou portait, dit-on : écartelé : aux 1 et 4, de gueules, à la barre d'argent, aux 2 et 3, d'argent, à la bande de gueules.
Mais elle n'eut presque jamais d'autre blason que celui de ses comtes et de ses ducs.
Les comtes d'Anjou de la maison de Plantagenet, avaient, dès l'an 1150, pour armes: de gueules, à deux léopards d'or.
Les comtes-pairs de la branche de Valois portaient: semé de France, au lambel de trois pendants de gueules.
Les ducs-pairs : semé de France, à la bordure de gueules.

ARTOIS.

Cette province; après avoir fait partie de la Flandre occidentale, fut réunie à la couronne en 1080 par le mariage de Philippe-Auguste avec Isabelle de Hainaut, fille de Beaudouin V. Le roi saint Louis l'érigea en comté pour son frère Robert , tué à la bataille de La Massoure. Philippe le Bel, en 1297, en fit une pairie pour Robert II, comte d'Artois.
Jeanne de Bourgogne, fille unique de Mahaud, comtesse d'Artois, épousa Philippe le Long, roi de France. Marguerite, leur fille, hérita des comtés d'Artois et de Bourgogne et fut mariée à Louis 1er, comte de Flandres De cette union naquit Louis II, dit le Mâle, qui réunit encore une fois l'Artois à la Flandre et les transmit tous deux à la seconde maison des ducs de Bourgogne par le mariage de sa fille avec Philippe le Hardi, père de Jean sans Peur. A la mort de Charles le Téméraire, l'Artois fut recueilli par Marie de Bourgogne, qui l'apporta en dot à la maison d'Autriche. Louis XI s'en empara en 1477, mais Charles VIlI le rendit par le traité de Senlis en 1493. Ce comté a été définitivement cédé à la France par le traité des Pyrénées, en 1659.
Le titre de comte d'Artois a été donné de nos jours à Charles de France, frère cadet de Louis XVI et roi sous le nom de Charles X.
Les armes des anciens comtes d'Artois étaient: semé de France, au lambel de trois pendants de gueules, chargés chacun de trois châteaux d'or. (Voyez pl. E.)
Les neuf châteaux qui chargent le lambel rappellent, dit-on, les grandes et anciennes châtellenies de la province qui s'élevaient à ce nombre.

AUNIS.

L'Aunis, en latin Alnisium ou AInetum, ne fut démembré de la Saintonge et de la domination spirituelle de l'évêque de Saintes qu'en 1648 et forma alors un gouvernement particulier.
On lui donne pour armes: de gueules, à une perdrix couronnée d'or (voyez pl. E). D'autres disent: de gueules, parti de gueules, à trois besants d'or.

AUVERGNE.

La province d'Auvergne, habitée du temps des Romains par les Arverni dont elle a conservé le nom, tomba au pouvoir des Wisigoths, puis des Francs après la bataille de Vouillé.
Elle eut dès les premiers temps de la féodalité ses vicomtes particuliers. Leur race se divisa en plusieurs branches, dont l'aînée fut dépouillée par la cadette de la plus grande partie de ses domaines et fut réduite à une portion de patrimoine, qui prit le nom de Dauphiné d'Auvergne, parce que son premier possesseur s'appelait Dauphin et portait un dauphin dans ses armes.
Marie d'Auvergne, héritière des comtes d'Auvergne de la branche cadette, porta ses droits dans la maison de La Tour, par son mariage avec Bertrand IV de La Tour, en 1389. Elle eut pour arrière-petite-fille Madeleine de La Tour, qui épousa en 1518 Laurent de Médicis, père de Catherine de Médicis. L'Auvergne, entrée dans la maison de France par ce mariage, ne fut cependant réunie à la couronne que par l'avènement de Louis XIII, qui, étant Dauphin, l'avait reçue en don de Marguerite de Valois, reine de Navarre, fille de Henri Il et de Catherine de Médicis.
En 1651, Louis XIV céda au duc de Bouillon le comté d'Auvergne en échange contre Sedan et Raucourt.
Les Dauphins d'Auvergne portaient: d'or, au dauphin pâmé d'azur.
Mais les armes du comté d'Auvergne, qui figurent comme écartelure dans l'écu de ses divers possesseurs, étaient: d'or, au gonfanon de gueules, frangé de sinople. (Voyez pI. E.)

BÉARN.

Le Béarn, en latin Bearnia, fut érigé en fief l'an 820 par Louis le Débonnaire. Ses premiers vicomtes étaient une branche cadette des ducs d'Aquitaine, et portaient tous le nom de Centulle ou de Gaston, jusqu'à Centulle VI, qui mourut sans enfants en 1134. Guiscarde, sa soeur, épousa Pierre, vicomte de Gavaret. Elle en eut Gaston VI, qui ne laissa pas de postérité, et Marie, qui apporta le Béarn en dot à Guillaume de Moncade, d'une puissante maison de Catalogne. Le mariage de Roger-Bernard, comte de Foix, avec Marguerite de Moncade, appela la maison de Foix à recueillir le comté de Béarn en 1290. Depuis cette époque les comtés de Foix et de Béarn restèrent unis, et passèrent à la maison de Grailly, puis à celle d'Albret, dont la dernière héritière fut Jeanne d'Albret, mère de Henri IV.
Les armes du Béarn étaient: d'or, à deux vaches de gueules, acornées, accollées et clarinées d'azur. (Voyez pl. E.)

BERRY.

Le Berry, habité au temps de César par les Bituriges, fut gouverné par ses comtes particuliers depuis le roi Pepin le Bref, jusqu'à Philippe le Gros qui le réunit à la couronne l'an 1101. Jean le Bon en fit un duché-pairie en 1360, pour son fils Jean, dont la postérité masculine s'éteignit en 1416. Il fut encore donné en apanage à Charles de France, depuis Charles VII; à Charles de Guyenne, frère de Louis XI; à Jeanne de France, première femme de Louis XII et à Marguerite d'Orléans, femme du duc d'Alençon.
Marguerite de France, mariée au duc de Savoie, obtint le Berry de Henri II, son frère, en avril 1550. Elle mourut le 14 septembre 1574. Ce duché fut ensuite donné par Henri III en supplément d'apanage à son frère le duc d'Alençon, puis par Henri IV à Louise de Lorraine, veuve de Henri Ill, mais elle n'en eut que le titre.
Le roi Louis XVI, avant d'être Dauphin, et Charles- Ferdinand, fils du comte d'Artois, depuis Charles X, ont aussi porté le nom de duc de Berry.
Le Berry n'a jamais eu d'autre blason que celui de ses ducs, cadets de la maison royale de France: d'azur, semé de fleurs de lis d'or, à la bordure denchée de gueules.

BOURBONNAIS.

Le Bourbonnais, en latin Burbonensis ager, dépendance d'abord du Berry, en fut détaché pour former une sirie sous la mouvance immédiate de la couronne dès les premières années du dixième siècle. La première race de ses seigneurs ou sires, portèrent presque tous le nom d'Archambaud. Mahaud, fille unique d'Archambaud VII , épousa Gui de Dampierre, bouteiller de Champagne; leur descendance forma la seconde maison de Bourbon, qui prit le nom et les armes de la première. Les seigneurs de Dampierre portaient: de gueules, à deux léopards d'or.
Robert de Clermont, sixième fils de saint Louis, épousa en 1271, Béatrix de Bourbon, héritière de ce duché, et fut la tige de la branche royale de Bourbon appelée au trône dans la personne de Henri IV, en 1589.
Les anciens sires de Bourbon portaient: d'or, au lion de gueules, à huit coquilles d'azur (voyez pl. E). Les ducs de Bourbon portaient: de France, à la bande de gueules.

BOURGOGNE.

Deux branches de la race capétienne ont possédé tour à tour le duché de Bourgogne. La première eut pour auteur Robert le Vieux, second fils de Robert le Pieux, roi de France, Elle s'éteignit en 1361, et son duché fut réuni à la couronne. Le roi Jean l'en détacha de nouveau pour Philippe le Hardi, son fils puîné, dont la postérité masculine finit en 1477, par la mort de Charles le Téméraire. Le duché de Bourgogne fut alors définitivement uni à la couronne. Louis de France, né en 1682, petit- fils de Louis XIV et père de Louis XV, porta le titre de duc de Bourgogne jusqu'à sa mort, en 1742.
Les armes de la Bourgogne, sous la première race de ses ducs, étaient: bandé d'or et d'azur, à la bordure de gueules.
Celles de la seconde maison de Bourgogne furent: écartelé, aux 1 et 4, semés de France, à la bordure componée d'argent et de gueules; aux 2 et 3, bandés d'or et d'azur, à la bordure de gueules. (Voyez pl. E.)
Palliot raconte que l'écu bandé d'or et d'azur fut adopté par Wernaire, maire du palais d'Austrasie sous Clovis Il, et que la bordure de gueules a été prise comme brisure de cadet par Guillaume le Dévotieux, fils de Samson, créé duc de Bourgogne par Charlemagne.

BRETAGNE.

La Bretagne fut d'abord gouvernée par des princes bretons, dont la descendance masculine s'éteignit le 20 février 1171. Constance, fille unique de Conan IV, épousa Geoffroi, fils de Henri Il, roi d'Angleterre et fut mère d'Arthur de Bretagne et de Constance, femme de Pierre de Mauclerc, petit-fils de Louis le Gros et tige des derniers ducs de Bretagne. François II, duc de Bretagne, mourut en 1488 sans laisser d'héritier mâle. Anne, duchesse de Bretagne, sa fille, épousa Charles VIII, roi de France, en 1491; puis veuve sans enfant, elle se remaria avec le roi Louis XII en 1499. De cette seconde union, elle laissa deux filles, dont l'aînée, Claude par son mariage avec François 1er, consomma la réunion de la Bretagne à la couronne.
Les armes de la Bretagne étaient : d'hermine plein (voyez pl. E).
Palliot raconte qu'elles furent adoptées par un duc de Bretagne en l'honneur de la Vierge, qui lui apparut vêtue d'un manteau d'hermine.
Les armes des ducs bretons, dit-il, étaient auparavant: d'azur, à trois gerbes d'or.

CHAMPAGNE.

Cette province, dont les gouverneurs se firent reconnaître en qualité de comtes et princes souverains au temps des derniers rois carlovingiens, doit son nom à ses grandes plaines. Il y a deux races des comtes de Champagne: celle de la maison de Vermandois, éteinte en 1034; celle des comtes de Blois, qui succéda à la précédente, recueillit le royaume de, Navarre, et s'éteignit en 1274. Jeanne de Navarre, comtesse de Champagne, petite-fille de Thibaut le Chansonnier, épousa Philippe le Bel, roi de France. Le comté de Champagne, ainsi réuni à la couronne, en fut détaché pour Philippe, comte d'Evreux, par le traité du 14 mars 1335. Mais le roi Jean l'incorpora de nouveau au domaine royal en indemnisant de leurs droits les descendants en ligne féminine de Philippe le Bel et de Louis le Hutin.
La Champagne a toujours conservé pour armes: d'azur, à la bande d'argent, côtoyée de deux doubles cotices potencées et contre-potencées d'or (voyez pl. F).
Palliot, Parfaite science des armoiries, page 554, discute divers textes pour savoir si les cotices doivent être potencées de treize ou de quatorze pièces, et si, comme on le dit, leur nombre était dans l'origine de sept, en l'honneur des sept grandes baronnies ou pairies de la province.

COMTAT VENAISSIN.

Ce pays, resté sous l'autorité pontificale jusqu'à sa réunion à la France, le 14 septembre 1791, n'a jamais eu d'armoiries particulières. On lui a souvent donné les armes d'Avignon sa capitale.

CORSE.

L'île de Corse, conquise par Louis XV et réunie à la couronne en 1772, ne paraît pas avoir eu d'écu héraldique, elle portait comme emblème sur ses étendards: trois têtes de Maure.
On lui donne aussi quelquefois pour armes: d'argent, à la croix de gueules ; mais ce sont celles des rois de Sardaigne;

DAUPHINÉ.

Cette province était autrefois divisée en plusieurs petits pays, le Viennois, le Graisivaudan, le Briançonnais, l'Embrunois, le Gapençois, le Valentinois, le Diois et les Baronnies. Les seigneurs d'Albon étaient les plus puissants de la contrée. En 1063, Guigues Il, seigneur d'Albon, prit le titre de comte de Grenoble; son petit-fils, Guigues IV, prit celui de dauphin, sans doute parce qu'il avait un dauphin dans ses armes. Ces puissants seigneurs étendirent peu à peu leur domination sur le Viennois et le Graisivaudan, dès le onzième siècle; sur le Gapençois et l'Embrunois, du temps du Dauphin de Viennois, Guigues VI (1128-1137).
Humbert Il, se trouvant sans enfants et accablé de dettes, céda, ou plutôt vendit le Dauphiné, qui devint l'apanage des fils aînés de France. Charles V dit le Sage en reçut l'investiture en 1349 et fut le premier Capétien qui porta le nom de dauphin. L'usage de prendre ce titre se perpétua jusqu'à nos jours, et le duc d'Angoulême, fils aîné de Charles X, fut qualifié dauphin après la mort de Louis XVIII, en 1824.
Le Dauphiné a toujours eu pour armes: d'or, au dauphin d'azur, barbé, crêté et oreillé de gueules. (Voyez pl. E.)

FLANDRE.

Le nom de Flandre, employé pour la première fois au VIIe siècle, par Saint-Ouen, dans la Vie de saint Eloi, ne désignait alors que le territoire de Bruges. En 853, la Flandre ne s'étendait pas encore sur le territoire de Courtrai. Baudouin 1er, dit Bras de Fer, gendre de Charles le Chauve, est le premier comte de Flandre dont l'existence soit authentique. Baudouin IV, dit le Barbu, agrandit ses États par des acquisitions de fiefs. Sa descendance s'éteignit en 1119 par la mort de Baudouin VII. Le comté de Flandre passa successivement dans la maison d'Alsace en 1128, dans celle de Hainaut en 1191, dans celle de Dampierre en 1246. Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, frère du roi Charles V, ayant épousé en 1363 Marguerite, fille unique et héritière de Louis III, comte de Flandre, recueillit la riche succession de la maison de Dampierre. Le comté de Flandre, après la mort de Charles le Téméraire, en 1477, passa dans la maison d'Espagne; ce ne fut qu'en 1780, par le traité de Nimègue, que Louis XIV se fit céder la partie qu'il avait conquise, et qui prit le nom de Flandre française.
Les armes de Flandre sont: d'or, au lion de sable, armé et lampassé de gueules. (Voyez pl. E. )
Les comtes de Flandre de la maison de Hainaut et de la maison de Dampierre portaient: écartelé : aux 1 et 4, de Flandre, aux 2 et 3, chevronnés d'or et de sable, qui est de Hainaut.
Palliot dit que le lion fut adopté par Baudouin Bras-de-Fer, comte de Flandre, vainqueur, en combat singulier, d'un roi sarrazin qui avait cet animal pour emblème.

FOIX.

Le comté de Foix, qui a pris son nom de sa ville capitale, en latin Fuxium ou Castrum Fuxiense, fut donné en apanage, l'an 1002, par Roger, comte de Carcassonne, à son second fils Bernard, qui le transmit à ses descendants. Cette première maison de Foix s'éteignit en 1391 par la mort de Gaston Phoebus, qui avait légué ses biens au roi de France. Le duc de Berry, oncle de Charles VI, les aliéna en faveur de Mathieu, comte de Castelbon, qui laissa pour héritière sa soeur Isabelle, femme d'Archambault de Grailly, captal de Buch. Les comtes de Foix, issus de ce mariage, acquirent successivement le Roussillon, la Cerdagne, le Bigorre et le royaume de Navarre, qu'ils transmirent à la maison d'Albret; Henri IV, roi de France, recueillit cette riche succession du chef de Jeanne d'Albret, sa mère.
Le comté de Foix a toujours conservé les armes de ses premiers seigneurs: d'or, à trois pals de gueules (voyez pl. E).

FRANCHE-COMTÉ.

La Franche-Comté ou Comté de Bourgogne comprenait l'ancien pays des Séquanais. Elle se forma des débris des deux Bourgognes, et dut son nom aux généreux efforts que firent ses comtes pour s'affranchir de la dépendance des empereurs d'Allemagne. La Franche-Comté entra par mariage dans la maison de Souabe en 1156, dans celle des ducs de Méranie en 1200, et retourna en 1248 à la famille de ses anciens comtes par l'alliance d'Alix, comtesse de Bourgogne, avec Hugues de Châlons. Jeanne, petite-fille d'Alix, épousa Philippe le Long, roi de France, qui, ayant hérité de la Franche-Comté, la donna à Eudes, duc de Bourgogne, son gendre, avec le comté d'Artois, dont elle suivit depuis toutes les destinées (voyez Artois). En 1678, Louis XIV conquit la Franche-Comté sur les Espagnols, et le traité de Nimègue en assura la possession à la France.
ARMES: d'azur, semé de billettes d'or, au lion du même (voyez pl. F).
C'est le blason que le Père Anselme donne à la maison de Bourgogne dont était Jeanne, femme de Philippe le Long, en 1306.
Palliot en explique l'origine en disant que la maison de Souabe, comte de la haute Bourgogne, portait: d'azur, au lion d'or; et qu'Alix III de Bourgogne, ayant épousé Hugues de Vienne, son vassal, les états du pays lui firent semer l'écu de billettes, comme brisure sans doute.
D'Hozier attribue pour armoiries, en 1696, à la Franche-Comté: de sable, à la fasce d'or, écartelé d'or au pal de sable.