Alphabet et figures de tous les termes du BLASON par L.A. DUHOUX D'ARGICOURT

Ouvrage intéressant les familles nobles
Nécessaire aux collectionneurs d'ex-libris
Amateurs de livres armoriés,
Artistes, Graveurs, Architectes, Dessinateurs, etc...
PARIS
LIBRAIRIE L. JOLY
17, quai Saint Michel, 17
1899

FORMES ET DIVISIONS DE L'ECU

Pièces honorables et variété de leur tracé.

On entend par Blason l'art d'exprimer en termes spéciaux, et suivant les règles établies, tout ce qui a trait à la Science des Armoiries.
Les armoiries, sortes de marques particulières et honorables étaient brodées ou peintes sur le bouclier, quelquefois sur la cotte d'armes des chevaliers qui prenaient part aux tournois ; cela permettait de les distinguer les uns des autres.
Ce sont ces marques, figures et pièces d'armoiries que les hérauts proclamaient, après avoir donné un appel de trompe et qu'ils enregistraient lors de l'entrée en lice, qui ont constitué l'Art héraldique.
Le bouclier, ou Ecu, était quelquefois recouvert de peaux ; dans ce cas l'arrangement symétrique des pièces de fourrures de diverses nuances, établissait une marque particulière, tout aussi bien que celle représentée en peintures ou en broderies.

Forme de l'Ecu

Presque toutes les nations ont modifié la forme archaïque de leur Ecu ; mais il est indispensable, au point de vue héraldique, d'en connaître les lignes primitives dont voici la description :
En bannière : carré, régulier sur les quatre côtés
Antique : triangulaire, allongé vers la pointe
Français : carré, bas arrondi, avec pointe au milieu
Anglais : carré, évasé en haut, arrondi en bas
Italien : ovale régulier, ou rond
Espagnol : carré, arrondi en bas
Allemand : carré, échancré en haut, arrondi en bas
Fille ou veuve : losange régulier
En Blason on nomme champ le fond de l'Ecu ; c'est sur ce champ que l'on place, à l'endroit qui leur est propre, les pièces honorables, ainsi que les meubles, (pièces secondaires), dont se compose les armoiries d'un Etat, d'une famille, d'une ville, d'une communauté ou d'une corporation.

Division de l'Ecu.

Les divisions de l'Ecu sont des partitions régulières ou irrégulières, formées à l'aide de pièces qui portent les noms suivants : canton, chappé, chaussé, coupé, écartelé, échiqueté, embrassé, emmanché, équipolé, flanqué, fretté, fuselé, gironné, losangé, mantelé, parti, taillés, treillisé, tranché, vêtu, dont les composés les plus usités sont : le contre-écartelé, le coupé-emmanché, le coupé-parti et le parti-enclavé.

Pièces honorables.

En blason, on entend par pièces honorables des figures de forme régulière, dont la largeur doit être égale à celle du tiers de l'Ecu divisé de haut en bas ; les extrémités, en longueur, de ces pièces doivent toucher les bords de l'Ecu, excepté quand la pièce est dite alésée.
Les pièces dites honorables sont la bande, la barre, la bordure, la champagne, le chef, le chevron, la croix, la fasce, le giron, le gousset, l'orle, le pal, le pairle, le quartier, le sautoir, et la pile, ou pointe (plusieurs auteurs ont plutôt admis cette dernière comme n'étant autre que la division dite chappé, en forme réduite).
Lorsque les pièces honorables sont de proportions réduites, et figurent isolées sur un Ecu, on les nomme : burèles et non fasce, comble et non chef, cotice et non bande, étai et non chevron, plaine et non champagne, traverse et non barre, trêcheur et non bordure, vergette et non pal ; enfin on nomme jumelles deux burèles superposées et séparées entre elles par un espace de même et séparées entre elles par un espace de même largeur que la leur.

Formes spéciales de certaines pièces.

Les extrémités, les bords et l'intérieur des pièces honorables n'affectent pas toujours des lignes droites et régulières ; dans ce cas, une qualification spéciale est donnée à chacune d'elles suivant qu'elle se trouve : ajourée, alésée, bretessé, brisée, cannelée, crénelée, componée, denchée, dentelée, échancrée, écotée, engrelée, enhendée, entée, fichée, mortaisée, nébulée, nouée, ondée, pattée, pigeonnée, potencée, rompue, vivrée, etc...
Pour l'explication, de tous ces termes et l'emploi de ces pièces, se reporter à ce qui en est dit dans l'alphabet à l'article consacré à chacun de ces mots, et voir dans la planche A les figures qui sont données comme exemples.

METAUX, EMAUX ET FOURRURES

Leur figuration en couleur et hachures.

Après la découverte de l'imprimerie, les ouvrages sur le Blason ne purent obtenir une aussi grande diffusion que ceux traitant des autres sciences ; cela tenait à ce qu'en sortant des presses, ils n'étaient pas absolument complets au point de vue de la représentation des armoiries.
En effet, après l'impression, les armes n'étaient figurées dans les livres que par un simple tracé, et l'on était obligé de remettre ces Estats et comportements des armes, (c'est ainsi que l'on nommait alors les traités de Blason), aux mains des enlumineurs chargés du soin d'appliquer sur les écus les couleurs, ou plutôt les émaux dont chaque pièce devait être peinte, conformément aux règles héraldiques.
Pendant plus d'un siècle, on procéda de cette façon, sans trop chercher la manière de simplifier ce laborieux et coûteux travail ; on se complaisant probablement dans ce mode d'exécution, qui avait bien son mérite, car une large part y était réservée à l'art des enlumineurs, et de plus, l'aspect chatoyant des couleurs produisait un bien charmant effet ; certes, les armoiries ainsi représentées avaient un véritable caractère de poésie et de grandeur.
Cependant, à la fin, on reconnut la nécessité de tenter un moyen plus simple et plus pratique pour donner un essort à la diffusion de la Science héroïque. Le premier essai, croyons-nous, qui fut fait dans ce but, parut au XVIè siècle dans un ouvrage publié en latin par de Ciacconius, chamoine de Séville, qui, pour indiquer les couleurs des armoiries, plaçait dans les écus les premières lettres du nom de ces couleurs, sur les pièces qui s'y trouvaient figurées.
Il indiquait donc ce qui devait être recouvert :

d'or

par A - Aurum

d'argent

par a - Argentum

d'azur

par C - Cæruleum

de gueules

par R - Rubeum

de sinople

par V - Viride

de sable

par du noir plein

Ce système fut aussitôt adopté par l'auteur du Wappenbuch, (le livre des armes) qui indiquait en allemand ce qui devait être peint :

en or, ou jaune

par g - gelb

en argent, ou blanc

par w - weiss

en azur, ou bleu

par b - blau

en gueules, ou rouge

par r - roths

en sinople, ou vert

par * - grün

en sable, ou noir

s - schawarg

Ces lettres, placées sur les pièces d'armoiries les déformaient et les enlaidissaient ; souvent, ce qui était plus grave, elles y apportaient de la confusion ; dans bien des cas, il était difficile de charger de ces lettres les petites pièces ou meubles dont on voulait indiquer la couleur ; en les y accolant, on les défigurait fatalement.
Ce fut alors que Scohier, chamoine de Bergues, essaya de simplifier les choses ; dans un ouvrage héraldique qu'il publia à Bruxelles en 1597, il adopta un système de hachures pour établir une distinction entre les couleurs des armoiries et en indiquer les métaux et les émaux.
Ce procédé, bien que constituant un progrès, était encore loin d'être parfait ; l'emploi de traits horizontaux, perpendiculaires, ou se croisant, n'était soumis à aucune règle fixe ; malgré cela, ce système mérite de ne pas être oublié, car il devint seul le point de départ de divers essais qui furent tentés dans la suite, et qui aboutirent à l'ingénieuse et si parfaite méthode dont on fait usage depuis la moitié du XVIIe siècle.
En 1638, un érudit jésuite, Petra-Santa, publia à Rome un ouvrage héraldique ayant pour titre : Tesseroe gentilitiae, dans lequel on vit des hachures et des points, employés avec principes et méthodiquement réglés, pour figurer sur les écus les métaux et émaux des pièces d'armoiries.
On abandonna donc tous les anciens procédés et le système de Petra-Santa fut adopté par tous les héraldistes ; à peine une année s'était-elle écoulée depuis la publication à Rome de son ouvrage, que paraissait le Recueil de plusieurs pièces et figures d'armoiries, obmises par les autheurs qui ont escrit jusques icy de cette science, par Vulson de la Colombière, avec tous les signes présentés par Petra-Santa. Dès lors, tous les ouvrages faits sur le blason, grâce à l'emploi de cette méthode, ont permis aux héraldistes, comme aux intéressés de toute classe, de lire les armoiries gravées avec autant de facilité que celles qui sont enluminées.
Rien ne peut être plus parfait que les principes de cette méthode, leur utilité est incontestable, car leur emploi a donné les meilleurs résultats pour les productions héraldiques et pour l'étude de la belle science des armoiries, trop délaissée hélas ! et cependant si féconde en enseignements à tous les points de vue.

Métaux.

L'Or, ou couleur jaune : des points multipliés
L'Argent, ou couleur blanche : le blanc simple

Emaux

L'Azur, ou couleur bleue : des lignes horizontales
Le Gueules, ou couleur rouge : des lignes perpendiculaires
Le Sable, ou couleur noire : des lignes horizontales et des lignes perpendiculaires qui se croisent
Le Sinople, ou couleur verte : des lignes diagonales de droite à gauche
Le Pourpre, ou couleur voilette : des lignes diagonales de gauche à droite
Deux autres couleurs sont généralement admises en blason, celle dite : de carnation, qui est la couleur humaine, et celle dite : au naturel, qui est celle des animaux, fruits, fleurs, etc... De plus, les héraldistes anglais couvrent quelquefois l'Ecu d'une couleur orangée qui se représente en gravure avec des lignes verticales croisées par des diagonales de gauche à droite.
(La droite de l'Ecu est à gauche pour la personne qui le regarde).

Fourrures

L'Hermine : un fond d'argent parsemé de mouchetures de sable, qui ont une forme allongée, croisettée dans le haut et s'élargissant en trois pointes vers la base
La Contre-Hermine : le fond est de sable et les mouchetures sont d'argent
Le Vair : des petites pièces d'argent et d'azur, en forme de cloche, posées alternativement et remplissant tout le fond de l'Ecu par une suite de tires placées horizontalement ; les pièces d'azur sont opposées à celle d'argent par les pointes et par les bases
Le Contre-Vair : des pièces du même métal et du même émail que ceux du vair, mais qui sont opposées entre elles par la pointe et par la base de leur sorte de cloche

FORME FANTAISISTE

Donnée par quelques-uns aux pièces d'armoiries

Il est regrettable que plusieurs auteurs, sans respect pour la tradition et voulant innover quand même, se soient écartés dans leurs productions de la forme archaïque qui est la seule convenant aux armoiries.
Un grand nombre, au XVIIIè siècle, qui malheureusement ont fait école, ont cru perfectionner, en les modernisant, les lignes de la forme primitive en héraldique ; leurs soins n'ont abouti qu'à en altérer le caractère et à leur enlever la beauté native et la correction.
Les pièces qui figurent sur un Ecu doivent y paraître avec la conformation héraldique, c'est-à-dire avec une sorte d'allure brutale, car il ne faut pas oublier qu'elles ont été prises, à leur origine, comme marques de force, de lutte et de guerre.
L'Ecu étant la figuration d'un bouclier, arme défensive, sa forme doit être unie et plate, et les pièces ou meubles dont il est chargé doivent avoir ce même caractère et ce même aspect.
Voilà, ce nous semble, ce qui à été trop oublié ; il eut été bon, juste et correct de respecter et de conserver la forme primitive, naïve quelquefois, mais toujours imposante et fière, donnée aux emblèmes héraldiques par ceux-là mêmes qui les ont créés et conquis en payant glorieusement la dette du sang à leur souverain et à leur patrie.
Les planches B et C présentent, comme exemples, les pièces de second ordre et les meubles dont l'emploi est le plus fréquent en armoiries, tels sont les animaux, les fleurs, les armes, les figures chimériques, etc...,etc.
La planche D offre un ensemble des croix simples ; il arrive souvent, sans que cela change la disposition ordinaire de ses lignes, qu'une croix soit chargée intérieurement de pièces complémentaires ; lorsqu'elle est, par exemple, recouverte de points d'échiquier, on la dit croix échiquetée ; si elle est garnie de cotices entrelacées elle devient une croix frettée, etc...,etc.
Les fleurs de lys qui figurent comme exemples sur cette même planche D reproduisent, d'après les manuscrits, les vitraux, les gravures, etc..., le caractère particulier qui a été donné à différentes époques à cette pièce qui est si honorablement employée en armoiries.

ORNEMENTS EXTERIEURS DE L'ECU

Timbres : heaumes et casques

L'usage des couronnes était autrefois peu répandu pour timbrer les armoiries ; on se servait des casques ou heaumes, et d'après leur forme et leur ornementation, appuyées sur des règles parfaitement établies, on pouvait reconnaître le titre et le rang de chaque gentilhomme.
Primitivement, le casque se posait ou plutôt se tarait droit sur la pointe dextre de l'Ecu. Il était de forme cylindrique avec des ouvertures fort étroites à l'endroit des yeux et de la bouche, il était aussi quelquefois garni de grilles ; mais, depuis le XVe siècle on le place de front ou de profil sur le milieu de l'Ecu. La forme des heaumes est reproduite dans la planche E ; nous en donnons, ci-après, la description.
Empereur et Roy - D'or, damasquiné, taré de front et ayant la visière entièrement ouverte
Prince - D'or, damasquiné, taré de front, mais la visière paraissant moins ouverte que celle du heaume des souverains
Duc et Marquis - D'argent, damasquiné et bordé d'or, taré en tiers, et fermé par onze grilles d'or
Comte, Vicomte et Vidame - D'argent, bordé d'or, taré en tiers, et fermé par neuf grilles d'or
Baron - D'argent, les bords dorés, taré de trois quarts, et fermé de sept grilles dorées
Gentilhomme et Chevalier - D'acier poli, taré de profil, la visière ouverte et montrant trois grilles, le nasal relevé et le ventail abaissé
Nouvel anobli - De fer, ou d'acier poli, taré de profil, demi-ouvert et sans grilles, le nasal et le ventail entr'ouverts
Bâtard - Semblable à celui du nouvel anobli, comme lui taré de profil, mais tourné à sénestre.
Souvent on rencontre des armoiries dont le heaume est contourné ; avant de conclure pour un signe de bâtardise, on doit s'informer, si ce n'est pas par suite d'une erreur ou d'une fantaisie de l'artiste qui a peint ou gravé les armes, que le heaume est ainsi figuré.

Couronnes, chapeaux, etc...

La forme et l'ornementation des couronnes, toques, chapeaux, cordelières sont figurées dans la planche E. Les couronnes étant posées de front sur les écus, on n'en aperçoit qu'une moitié.
Tiare du Pape - Le triregnum que porte le Pape est une haute toque d'argent, surmontée d'un globe avec une croix d'or, environnée de trois couronnes d'or fleuronnées et superposées, qui sont l'emblême de sa triple souveraineté comme Père, Roy et pontife ; de cette tiare tombe, de chaque côté, un large ruban d'argent semé de croisettes de sable.
Empereur - La couronne d'Empereur est d'or, fermée, haussée en façon de mitre, surmontée d'un globe portant une croix, les branches des diadèmes sont grelées de perles et de pierreries
Roy - La couronne royale de France est d'or, le cercle est surmonté de huit fleurs de Lys au pied nourri ; de chacune d'elles part un diadème avec perles, toutes les branches sont réunies au sommet par une fleur de lys double.
Au lieu de fleurs de lys, ce sont des fleurons qui ont été pris par plusieurs puissances et qui servent de base aux diadèmes, réunis par le haut et portant un globe avec une croix.
En Angleterre, ce sont des croisettes pattées qui surmontent le cercle, et les diadèmes sont réunis au sommet par un léopard couronné.
Prince du Sang - Un cercle d'or portant huit fleurs de lys au pied nourri.
Prince du Saint-Empire - Un bonnet d'écarlate, rehaussé d'hermine, diadémé d'un demi-cercle d'or grelé de perles et surmonté d'un globe portant une croix (planche F).
Duc - Un cercle d'or surmonté de huit fleurons.
Marquis - Un cercle d'or surmonté de quatre fleurons, alternant avec quatre motifs, formés de perles mises en trèfle.
Comte - Un cercle d'or, rehaussé de seize pointes terminées chacune par une grosse perle.
Vicomte - Un cercle d'or rehaussé de huit pointes portant quatre grosses et quatre petites perles alternées. Quelques héraldistes ont rejeté les petites perles, notamment ceux qui ont placé directement et sans pointes, les perles sur le bord supérieur du cercle des Couronnes de Comte et de Vicomte.
Vidame - Un cercle d'or surmonté de quatre croix pattées.
Baron - Un large cercle d'or environné d'un chapelet de perles, mis en serpentin.
Banneret - Un large cercle d'or grelé de perles et de pierreries alternées.
Bourrelet - Un tortil de rubans, ou enroulements d'étoffes aux couleurs du chevalier.
Antique - Un cercle d'or radié de huit pointes triangulaires.
Murale - Un cercle d'or surmonté de quatre tours ou de crénaux, le tout paraissant maçonné.
Navale - Un cercle d'or surmonté de huit mâts garnis de voiles et d'un pavillon.
Chancelier - Un mortier en drap d'or, brodé de même et rehaussé d'hermine.
Président - Un mortier en velours noir (sable) rehaussé de deux galons d'or superposés.
Cardinal - Un chapeau rouge (gueules) d'où pendent des cordons de même couleur entrelacés ; les croisements retenus par des houppes rangées en pendants de un à cinq.
Archevêque - Un chapeau vert (sinople), les cordons de même couleur, les houppes disposées en pendants de un à quatre.
Evêque - Un chapeau vert (sinople), les cordons de même couleur, les pendants formés de une à trois houppes.
Abbé - Un chapeau noir (sable), avec cordons de même, les pendants composés de une et deux houppes.
Prélat anglican - Une couronne d'or, fleuronnée, soutenant une mitre de drap d'argent, galonnée d'or, avec une croisette aux pointes. (Planche F).
Abbé mitré - Une mitre en drap d'argent, galonnée d'or, et une crosse fleuronnée du même.
Prieur et Abbesse - Un bourdon, ou une crosse d'argent, un patenotre de sable mis autour de l'Ecu.
Veuve et Fille - Un cordon tressé d'argent et de soie noire ; souvent, les filles, au-dessous de leur Ecu, placent soit une guirlande de fleurs, soit des branches de lys ou des palmes.
Crest - Torsade ou enroulement d'or, d'argent, et d'étoffes, aux couleurs de l'Ecu qu'il surmonte sans le toucher, et sur lequel est posé un animal entier, ou issant, un bras armé ou toute autre pièce. Le crest surmonte aussi un chiffre en manière de couronnement. (Voir planche F).

Manteaux, supports, lambrequins, etc ...

Pavillon - Sorte de dôme, garni de broderie et de galons d'or, duquel descend une ample draperie, doublée d'hermine. Les souverains avaient seuls le droit de porter le pavillon.
Manteau - Ample draperie, doublée d'hermine repliée à droite et à gauche, relevée, soutenue et liée par des cordelières à houppes d'or ; le manteau paraît descendre de la couronne, l'Ecu doit être placé sur le fond d'hermine.
Les souverains de France et les princes du sang avaient seuls le droit de porter le manteau d'azur ; pour les souverains des autres nations, la couleur était de pourpre, cette dernière couleur était également propre aux autres princes et dignitaires de tous les pays.
Tenant - Représentation d'un être humain, habillé ou nu, armé ou portant une bannière, il peut être au naturel ou émaillé en couleur héraldique, et paraître soutenir d'une main l'écu ou la couronne.
Support - Est représenté par un animal naturel ou chimérique ; il peut prendre les mêmes attitudes que le tenant, être au naturel ou émaillé.
Lambrequin - Cet ornement extérieur des armoiries est un des plus gracieux par la forme bizarre et élégante de ses enroulements : il est de règle de le représenter couvert des mêmes émaux que ceux du champ, et des pièces ou meubles de l'Ecu.
Rinceaux - Enroulements fleuronnés usités comme terrasse, hachements, ou mêlés aux lambrequins.
Cimier - Cet ornement qui est posé à la cime du heaume, ou sur la couronne, est composé d'objets fantastiques, et d'aspect redoutable, tels que : vols d'oiseaux, cornes, monstres chimériques, proboscides, etc ...
Cartouche - Ornement tout de fantaisie, est formé d'enroulements de cuir découpé, au milieu duquel on place les armes, les chiffres, les emblêmes ; cet ornement peut être surmonté d'une couronne.
Devise - La devise est un listel, ordinairement placé au-dessous de l'Ecu, sur lequel se trouve inscrit : un cri de guerre, une allusion à un nom de maison, un proverbe, une sentance ou un mot historique ; généralement le listel est de couleur et les lettres sont de métal rappelant l'un et l'autre les émaux de l'Ecu ; mais ceci est d'usage et non de règle.
Tous les ornements extérieurs qui viennent d'être décrits sont figurés sur la planche F.

Fonctions, marques et qualités

La planche G contient la reproduction des ornements extérieurs décrits ci-dessous.
Grand Maréchal des Logis - Deux marteaux d'armes d'argent, ornés d'or et placés en sautoir derrière l'Ecu.
Grand Chancelier - Deux grandes masses d'argent ornées et mises en sautoir derrière l'Ecu.
Connétable - L'écu soutenu par deux mains dextres armées et sortant d'un nuage, tenant chacune une épée nue, garnie d'or et la pointe en haut.
Grand Panetier - A dextre, au bas de l'Ecu une nef d'or : à sénestre un cadenat du même contenant le couvert du Roy.
Grand Echanson - Deux flacons d'argent, ornés d'or, émaillés aux armes royales, et placés l'un à droite l'autre à gauche, au bas de l'Ecu.
Grand Prévot - Deux faisceaux de verges d'or, liés d'azur, ayant à leur centre une hache d'armes d'argent, et posés en sautoir au-dessous de l'Ecu.
Général des Galères - Une ancre double d'argent la trabe unie et dorée, posée en pal derrière l'Ecu.
Grand Amiral - Deux ancres d'argent, les trabes d'azur semées de fleurs de lys d'or, et posées en sautoir derrière l'Ecu.
Grand Chambellan - Deux clefs d'or, dont les anneaux portent une couronne royale du même, passées en sautoir derrière l'Ecu.
Grand Aumônier - Un livre d'heures, couvert en satin azur, brodé aux armes royales sur le plat, les tranches dorées, et surmontées d'une croix de l'ordre du Saint-Esprit suspendue au-dessous de l'Ecu par un ruban d'azur.
C'est dans la planche H que sont figurés les ornements extérieurs décrits ci-après.
Grand Ecuyer - Deux épées garnies d'or ; les fourreaux et les baudriers parés de velours d'azur avec un semis de fleurs de lys d'or, bouclés du même ; ces épées posées la pointe en haut de chaque côté de l'Ecu.
Maréchal de France - Deux bâtons couverts de velours d'azur semé de fleurs de lys d'or, et placés en sautoir derrière l'Ecu.
Grand Louvetier - Deux rencontres de loup, au naturel, et posés à droite et à gauche, au bas de l'Ecu.
Grand Veneur - Deux grands cors d'or, enguichés et liés du même, placés aux côtés de l'Ecu.
Grand Fauconnier - Deux leurres en velours d'azur semé de fleurs de lys d'or, frangés et galonnés de même, placés de chaque côté de l'Ecu.
Grand-Maître d'artillerie - Deux couleuvrines d'or sur leur affut de gueules, et des boulets de sable par trois : un, deux, trois ; les couleuvrines adossées et posées sous l'Ecu ; les boulets sont facultatifs.
Grand-Maître de France - Deux bâtons d'argent ornés d'or, le haut terminé par une couronne royale du même et mis en sautoir derrière l'Ecu.
Colonel-Général de Cavalerie - Deux faisceaux de cornettes de diverses couleurs, brodées et frangées d'or, les lances dorées, et mis en sautoir derrière l'Ecu.
Colonel-Général d'Infanterie - Deux faisceaux de drapeaux de diverses couleurs, brodés et frangés d'or, les lances dorées, et placées en sautoir derrière l'Ecu.
Officier de Guerre - Un hausse-col d'argent bordé d'or, dans lequel passe une pique du même, posée en pal.
Parmi les ornements extérieurs on voit figurer très honorablement dans les armoiries et entourant l'Ecu, les insignes, croix et colliers qui appartiennent aux titulaires de ces marques de haute distinction et cela depuis que les souverains, les hauts dignitaires et fonctionnaires de tous grades en ont adopté l'usage.
La notice réservée à ces emblêmes dans la seconde partie de cet ouvrage en donnera l'historique, la description et la représentation.
C'est également dans la seconde partie que seront figurées et décrites, les armes dont les heaumes sont surmontés de cimiers fantastiques ou d'ornement imposants et gracieux : (nous en avons copié avec soin et fidélité les détails dans les manuscrits des XIVe et XVe siècles), ainsi que les armes parlantes et historiques, celles des Etats, les armoiries des principales corporations, communautés, universités, patronages, etc., etc.