BOREL D'HAUTERIVE : Histoire des armoiries des Villes de France

Armoiries, armes, blason, écu: dessin réalisé avec Euralsuite.
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ROUEN

ARMES: de gueules, à l'agneau pascal d'argent, la tête contournée, tenant une banderole d'argent, chargée d'une croisette d'or, au chef de France.

Sous la domination des ducs de Normandie, la ville de Rouen avait pris pour sceau le léopard qui figurait dans leurs armes: de gueules, à deux léopards d'or. On l'appelle à tort très fréquemment un lion (voyez l'article de Bordeaux ci-dessus). Il se retrouve au bas de deux chartes conservées aux archives; l'une est un acte de vente d'un tènement de l'an 1222; l'autre, émanée du maire, est relative au bail des moulins du roi, en novembre 1262. Légende: SIGILLUM COMMUNIE URBIS ROTHOM.
Elle changea complètement les pièces héraldiques de son écu dans les premières années du quatorzième siècle, mais elle conserva la couleur du champ.

Pierre Rigaud, qui occupait le siége de Rouen, tint, vers 1250, plusieurs conciles provinciaux, fit une visite de son diocèse et déploya un saint zèle et une grande activité. Ce fut peut-être lui qui fit remplacer le léopard, pièce principale des armoiries de la ville, par le pieux symbole de l'agneau pascal, dont la figure existait déjà sur le sceau du chapitre de la cathédrale et qui ne tarda pas à passer sur les pièces d'or et d'argent de Rouen, où elle devint la marque distinctive de son hôtel des monnaies.
M. Cheruel et d'autres historiens prétendent que l'importante corporation des marchands drapiers, ayant pour emblème un mouton, le fit adopter par la commune lorsque l'administration municipale prit une tendance démocratique.
L'agneau pascal ne détrôna pas entièrement dès l'origine le léopard; il se partagèrent les honneurs du scel et du contre-scel de Rouen, et vécurent d'abord en bonne intelligence. Vers la fin du quatorzième siècle, le léopard commença à céder la place, et il n'est plus représenté seulement que sur la banderole du mouton, dans un sceau de 1362 (voyez Histoire de la commune de Rouen, par M. Cheruel, page 158).
Dans les temps modernes, les armoiries de Rouen n'ont éprouvé d'autres modifications que le changement de son chef de France.

Histoire

Rouen remonte à l'époque celtique ; elle était la capitale des Veliocasses et devint sous la domination romaine, le chef-lieu de la Lyonnaise IIème. A l'époque franque, la ville de Rouen comprise entre la Neustrie, fut très exposée aux ravages des Normands, qui détruisirent en 841, le premier monastère de Saint-Ouen. En 911, l'archevêque Francon négocia entre le roi de France Charles III le Simple, et le chef des pirates Rollon, l'arrangement qui fonda le duché de Normandie, dont Rouen devint la capitale. Depuis la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant jusqu'à la réunion de la Normandie au domaine royal par Philippe Auguste (1066-1204), Rouen fut une des principales résidences des rois d'Angleterre sur le continent. La ville obtint de Henri II Plantagenet la charte de commune (établissement de Rouen). Les bateliers de Rouen avaient le monopole des transports sur la Seine, depuis le pont de Mantes jusqu'à la mer. Dans le cour du XIVème siècle, Rouen devint le siège de l'Echiquier ou parlement de Normandie (1302), d'une cour des aides (1370), d'une chambre des comptes (1380). Sous Charles V, qui séjourna longtemps à Rouen en qualité de duc de Normandie, l'industrie et le commerce reprennent un nouvel essor ; le port est l'entrepôt des vins de France, des produits de l'Espagne. Les navires vont jusqu'en Afrique. Mais, au début du règne de Charles VI, éclate la sédition de la Harelle, provoquée par la lourdeur des impôts. La ville est châtiée par la perte de sa commune (1382). A la fin du même règne, la ville de Rouen est prise malgré sa résistance, par le roi anglais Henri V (1419). Pendant la domination anglaise, Rouen est le théâtre du procès et du supplice de Jeanne d'Arc (1431). Mais après la guerre de Cent ans, et la retraite des Anglais, Rouen retrouve une nouvelle ère de prospérité. Rouen souffre encore du vandalisme des protestants pendant les guerres de religion (1562), de la révolte des Va-nu-pieds soulevée par l'excessive fiscalité du gouvernement de Richelieu ; cependant, le commerce de Rouen rayonne sur l'Angleterre, l'Espagne, l'Afrique et même le Brésil.